Dans l’article en référence, je déclarais qu’avec un minimum de méthode et l’appui de professionnels du secteur, il est relativement aisé de définir un objectif de gestion encadré, d’autant plus que le film a une valeur patrimoniale sur trente ans. Pourtant, 7 ans après, le constat est plutôt négatif. Car ce système de défiscalisation Sofica s’avère très peu rentable.

Article concerné :
Pourquoi le cinéma et l’audiovisuel sont des classes d’actifs incontournables ?
Direct Gestion – 8 mars 2013

Le secteur du cinéma et de l’audiovisuel a plus que jamais besoin de compléter ses financements avec l’aide de l’épargne privée. Pourtant, il faut constater que les pratiques des producteurs ont mis à mal les initiatives entreprises depuis 2011.

Des prévisionnels attractifs pour rendre la défiscalisation Sofica attirante

En effet, pour convaincre les épargnants d’investir dans le cadre d’opérations de défiscalisation Sofica, ceux-ci transmettent aux investisseurs des perspectives financières de leurs projets réalisées au regard des résultats de films ou séries comparables. Généralement, celles-ci sont établies selon 3 hypothèses d’exploitation du projet. Ce qui permet aux épargnants intéressés d’évaluer leur risque pour récupérer plus ou moins l’investissement envisagé dans la production du projet à un horizon de 5 ans.

C’est donc sur ces éléments financiers que les conditions d’investissement dans le projet sont établies et qu’un contrat est passé entre les épargnants et le producteur. La confiance dans l’expérience de ce dernier et la véracité des chiffres communiqués sont donc la base essentielle de cette relation contractuelle.

Pourtant, sept ans après avoir participé au financement de plus de 50 films et plusieurs séries pour la télévision, le bilan est sans appel : les chiffres transmis par les producteurs ont été systématiquement surévalués, sauf quelques exceptions.

Épargnant, vous êtes le maillon faible

Sous prétexte que l’investissement permet aux épargnants de bénéficier d’avantages fiscaux via les Sofica d’une part, ou du dispositif fiscal TEPA-Dutreil, d’autre part, la grande majorité des producteurs en profitent pour présenter des prévisionnels très attractifs, en considérant que l’épargnant peut se permettre de perdre, bénéficiant déjà d’une réduction d’impôt.

Ce discours n’est pas tenu lors de la réalisation de l’apport financier mais a postériori, quand il faut rendre compte des résultats d’exploitation du film ou de la série. Ainsi le rendement des Sofica est catastrophique, avec une perte moyenne de 7% par an sur les six dernières années (étude CBanque). Après intégration de l’avantage fiscal, celui-ci n’est guère mieux, devenant légèrement positif à 0,3%.

Une rentabilité quasi nulle

Le constat est donc sans appel : même après intégration de l’avantage fiscal lié à la défiscalisation Sofica, la rentabilité dégagée sur l’épargne investie dans les Sofica est quasi nulle. Et, pour les projets financés via des sociétés de coproduction souscrites par des épargnants, les résultats ne sont pas plus reluisants.

À quelques exceptions, les premiers profiteurs du système ont été les producteurs qui cultivent opacité et mauvaise foi, pour ne pas rétrocéder aux épargnants une quote-part de recettes d’exploitation, conforme aux prévisionnels présentés.

Je peux que regretter d’avoir présenté cette industrie sous l’angle unique de ses fondamentaux que je pense encore attractifs. Et, je ne peux que dénoncer aujourd’hui les pratiques vécues de sociétés de production, qui n’ont pas compris que tout investissement implique un partage équitable des profits et une transparence de l’information.

L’épargnant est trop souvent considéré par ces professionnels comme un moyen de financement et ceci sans aucun respect. Notre conseil aujourd’hui ? Soyez très prudent sur les promesses annoncées.

DOM COM INVEST