Jean-Paul Le Pelletier a été Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Guyane de 1994 à 2015. Il est aujourd’hui consultant en stratégie de développement pour la région Antilles-Guyane.

Faut-il investir en Guyane ? C’est une évidence pour Jean-Paul Le Pelletier, ancien président de la CCI. DOM COM INVEST vous propose le premier volet d’un long entretien avec une personne qui connaît mieux que quiconque le territoire.

Comment se porte économiquement la Guyane d’aujourd’hui ?

La conjoncture économique a toujours connu des cycles depuis les années 70. Nous sortons aujourd’hui d’une période difficile et nous constatons une réelle reprise depuis 2016. La confiance se rétablit et nous sommes bien partis pour connaître une nouvelle phase de croissance avec des chiffres pouvant avoisiner les 3 à 5 % (loin de ce que nous connaissons en métropole).

Quels sont, selon vous, ses atouts pour attirer les investisseurs ?

Je distingue régulièrement cinq grandes raisons qui font de la Guyane un territoire attractif pour les investisseurs :

1. Il y a tout d’abord un cadre général rassurant. C’est un département structuré, intégré dans un pays leader au sein de la zone euro. La Guyane dispose d’un mode de fonctionnement rassurant et stable, ce qui est important pour tout investisseur extérieur.

2. Ensuite, il y a un vrai potentiel sous-utilisé. Tout d’abord son emplacement géographique exceptionnel, à la jonction de plusieurs grands marchés (Amérique du Sud et du Nord, Europe, bassin antillais). C’est particulièrement important dans le cadre d’une stratégie à long terme.

3. Mais c’est aussi un territoire aux ressources de plus en plus reconnues comme importantes (ressources halieutiques, forêts, mines…). Et il y a, en Guyane, une véritable excellence en matière écologique et sociale, contrairement à beaucoup de territoires environnants. Ces nouveaux critères sociétaux représentent aujourd’hui un véritable atout à l’exportation, en particulier sur des marchés très concurrentiels comme les nôtres.

4. En matière de ressources humaines, il est aussi important de souligner que la population de Guyane est jeune. Et, malgré de nombreuses carences, le niveau moyen de formation et d’éducation est supérieur à celui des pays voisins. Il y a un vrai potentiel et il ne faut pas toujours se comparer par rapport à la Métropole, qui se situe dans un autre environnement.

5. Enfin, et ce n’est pas des moindres. Il y a un environnement fiscal et financier particulièrement intéressant. Les dispositifs en place sont attractifs et particulièrement favorables (sous réserve naturellement de répondre à toutes les conditions). Entre le dispositif Girardin et le taux d’aide fiscal plus important de 10 % par rapport à la Réunion ou aux Antilles, la Guyane est un département très attractif.

Mais il y a quand même quelques contraintes importantes ?

Naturellement et il faut en tenir compte. Tout d’abord, c’est un vaste territoire de plus de 80 000 km2 (aussi grand que l’Autriche) alors qu’il n’y a que 12 000 km2 d’occupés. Il y a donc une nécessaire conquête de l’intérieur, exigeant par conséquent des infrastructures. C’est indispensable. Ensuite, la forte démographie est un atout à moyen terme mais provoque certaines tensions à court terme (formation, accès à l’eau et à l’énergie…). Malgré l’annonce du plan gouvernemental suite aux événements de ce printemps, il va encore falloir un peu temps.

Mais j’insiste bien sur les trois points essentiels déjà évoqués : nous sommes revenus dans une période de croissance, nous bénéficions de vrais avantages fiscaux par rapport aux autres Dom Com et nous avons des besoins importants. Avec la Nouvelle Calédonie, nous sommes le seul territoire français qui combine un vrai potentiel de développement pour l’agriculture, la pêche et l’industrie. Avis aux investisseurs !